La communauté des habitants

Le registre des plumitifs de la taille estime la population taillable de Mauregny en 1788 à 112 feux. Selon Soboul, le feu est « une unité imposable, fort difficile à définir, et qui au XVIIIème siècle ne correspondait plus à rien de précis, ni au nombre de feux (foyers) réels, ni à une étendue de territoire. Chaque communauté représentait tel nombre de feux, d’après lesquels étaient fixés les impositions». En général, on considère qu’un « feu » équivaut à quatre habitants, ce qui donne à Mauregny environ 450 habitants. Mais ce chiffre fiscal est probablement sous estimé, puisque le Cahier de doléances, rédigé par les habitants eux-mêmes un an plus tard donne un chiffre de 143 feux, soit 572 habitants environ. C’est ce chiffre qui correspond aux recensements de population effectués par habitants à partir de 1791.

 
            Le recensement des « feux » fiscaux garde un intérêt pour suivre l’évolution de la population au XVIIIème siècle, et de comparer les différents villages. Les 112 feux de Mauregny sont à comparer aux 150 feux de Montaigu, aux 46 feux de Fussigny et Courtrizy, aux 224 feux de Sissonne, aux 280 feux de St-Erme (Voir Annexe  - DEMOGRAPHIE).
 
            Le registre des plumitifs de la taille indique encore 5 charrues[1], 60 arpents de près, 250 arpents de bois, 60 arpents de vignes. Notre village est d’abord un village de vignerons, il n’y a que quelques laboureurs, mais la culture du chanvre a une certaine importance. Nous ignorons l’importance de l’élevage. Il n’y a que 60 arpents de prés, mais le droit de vaine pâture augmente beaucoup cette surface, ainsi que celui des Usages. Cette partie du domaine seigneurial dont l’usage est concédé à la communauté des habitants est l’ancêtre des biens communaux. A Mauregny, elle s’étend probablement du « Grand Marais » au « Mont Héraut, en passant par le Fleurichet (de 80 à 100 hectares). Enfin, nombre d’habitants ont un travail saisonnier à la cendrière du Mont Héraut.
 
            D’après le registre de la taille de 1760, la grande majorité des habitants sont propriétaires de leur maison. La maison type comporte deux pièces, elle est couverte en chaume et entourée de quelques bâtiments annexes. Elle possède un puits, parfois mitoyen.
 
            Nous possédons deux listes exhaustives de la population. L’une en 1788 est le rôle de répartition de la contribution des routes, l’autre en 1789 est un inventaire des grains avec la liste des habitants et leur profession (Voir Annexe II). Nous avons un blattier ( commerçant en grains), un buraliste, 4 cabaretiers, 9 carieurs, 1 clerc, 2 cordonniers, 1 fendeur (de lattes sans doute), 12 laboureurs (dont 6 se déclarent aussi vignerons), 1 horloger, 2 maçons, 19 manouvriers, 1 marchand, 1 maréchal ferrant, 1 meunier, 1 mineur (de cendres noires), 1 pâtre, 3 scieurs de long, 3 tailleurs, 4 tisserands, 4 tonneliers, 55 vignerons, et 4 pauvres. En tout 128 personnes ont une profession, et nous avons en plus 4 pauvres . A noter la profession de pâtre : les vaches appartenant aux habitants étaient sans doute réunies chaque jour pour le pâturage sous sa direction. Enfin pour compléter ce tableau nous avons relevé en 1787 dans le registre paroissial, 39 naissances (parmi elles, deux jumeaux) et 11 décès d’enfants :
 
- 1 de 3 mois 
- 2 de 3 ans
- 1 de 6 mois 
- 1 de 4 ans
- 1 de 1 an 
- 2 de 5 ans
- 3 de 2 ans 
 
 


[1] une charrue équivaut à 100 arpents de terre labourable