Documents inédits sur l’abbaye de Vauclair

 - Nicolas GOUBAUX, dernier abbé de l’abbaye de Vauclair
 
 
            Lors de l’exposition « Vauclair 1792 - 1992 », je n’avais trouvé que des renseignements très partiels sur Augustin Goubaux, dernier abbé de Vauclair. De même Monsieur Braillon dans son ouvrage sur «  Les derniers cisterciens et cisterciennes des abbayes picardes à la Révolution » , paru en 1993 n’avait trouvé aucun renseignement. Le hasard des recherches m’a remis sur la piste de l’abbé Goubaux, et nous publions ici les éléments biographiques rassemblés à ce jour et qui concernent essentiellement la période révolutionnaire.
 
            Selon l’âge porté sur son acte de décès, Nicolas Augustin Goubaux serait né vers 1744 - 1745. Le registre paroissial de La Chalade (Meuse) ne commence qu’en 1737, et le seul Goubaux prénommé Nicolas est né le 27 août 1748, fils de Jean Goubaux et Magdeleine Masson. Son parrain a été Nicolas Goubaux et sa marraine Magdeleine Barbier. Il n’y a aucune mention de profession pour ces deux familles. C’est frère Edmé Chevresson, sous-prieur et curé de La Chalade qui fait le baptême. Il y a en effet une abbaye cistercienne à La Chalade, tout comme à Vauclair. On trouve d’ailleurs un feuillet inséré dans le registre qui indique que « après avoir pris l’habit dans l’abbaye de Vauclair, fr. Pierre Hocmet, a vécu pour la maison de Notre Dame de La Chalade » et qu’il a été « admis à la profession religieuse dans l’abbaye de Vauclair le 02 juillet 1751 ».
 
            Nous ne retrouvons d’autres traces qu’en mars 1789. Combier nous apprend que c’est un Sieur « Goubaut (sic), prieur d’Ourscamp » qui représente cette abbaye à l’assemblée du clergé, alors que c’est le Sieur Caffiaux, prieur qui représente l’abbaye de Vauclair. Début 1789, c’est Gaspart Bricart qui est abbé de Vauclair, tandis que l’abbé d’Ourscamp est l’archevêque de Bordeaux, Jérôme Marie Champion de Cicé [Braillon - page 61] et en 1790, c’est Doberholzer Duverger Antoine Nicolas qui est prieur d’Ourscamp [Braillon - page 67] . On peut donc penser que l’abbé Bricart est décédé au milieu de 1789, (ou qu’il a quitté l’abbaye ?) puisque Nicolas Augustin Goubaux est nommé abbé de Vauclair le 8 novembre 1789.
 
            Le même jour l’abbaye doit vendre une partie de l’argenterie de Vauclair  « pour acquitter leur part de contribution patriotique ». Douze jours plus tard, les biens de l’église sont mis à la disposition de la nation. Quelques mois après, le 03 février 1790, la nation ne reconnaît plus les vœux solennels et prononce la suppression des ordres religieux où ils étaient prononcés.
 
            Le 06 février 1790, Messire Augustin Goubaux, abbé régulier de Vauclair, signe la « Déclaration des biens et revenus de l’abbaye de Vaucler (sic), Ordre de Citeaux, donnée en exécution du décret de l’Assemblée Nationale du 28 novembre 1789 ».
 
            Il y a encore seize religieux (dont l’abbé) à Vauclair et un organiste. La déclaration précise qu’ils «occupent seize cellules qui sont meublées très modestement n’ayant qu’un petit lit fort simple, une armoire, une table et deux ou trois chaises ». Les règles cisterciennes sont encore observées dans cette abbaye régulière. Le domaine de l’abbaye s’étend sur 4.000 hectares et comprend 9 fermes louées à bail. Son revenu est estimé à 4.700 livres annuellement.
 
            Etrange destin que celui de notre abbé. A peine nommé, il va être obligé de gérer la liquidation de son abbaye.
 
            Le 09 mars 1790, soixante-dix-neuf marcs d’argenterie saisis à Vauclair[2] sont déposés au district de Laon.
 
            L’abbaye proteste à plusieurs reprises contre des excès ou des erreurs d’imposition.
 
            Le 29 juin 1790, « le corps de la municipalité (de Craonne) s’est transporté sur la Montagne à la tête de la Garde Nationale et en corps, tambour battant, où étant nous avons assisté à la messe célébrée par Monsieur l’abbé de Vaucler, à l’offertoire de laquelle, il a donné la bénédiction du drapeau et a prononcé un discours analogue à la cérémonie et après laquelle les troupes confédérées (gardes nationales de quelques paroisses voisines) ont prêté devant nous le serment civique et de fédération ; ensuite la messe a été continuée après laquelle les gardes nationales ont fait différentes évolutions et sont rentrées en ordre et tambours dans la ville [DELACOURTE - Craonne et sa montagne - 1908 - page 21] ».
 
            Dans sa session du 14 juin au 13 juillet 1790, le Conseil Général du District de Laon adopte le procès verbal suivant :
 
« Il a été fait rapport d’une requête de la municipalité tendant à faire prononcer la conservation de cette abbaye relativement aux différents motifs de considérations locales spirituelles ou temporelles qui en résulteraient pour ces paroisses.
            Ouï le procureur syndic et les avis pris, l’adon estime qu’il n’y a lieu à délibérer ».
 
            Le sort de l’abbaye est donc alors définitivement réglé, et sa fermeture décidée.
 
            Le 11 octobre 1790, deux religieux demandent à quitter l’abbaye, permission accordée le 26 octobre.
 
            Le 16 novembre 1790, l’abbaye envoie le reste de l’argenterie pour le deuxième terme de la contribution patriotique.
 
            Le 18 novembre 1790, F. BELOT, religieux de Vauclair et prêtre de la paroisse d’Ailles prête le serment obligatoire.
 
            Le 13 décembre 1790, Thomas REGNAULT, autre religieux de Vauclair, et « desservant la cure de Vaucler », demande à être logé « dans le logement d’hôte des femmes », c’est à dire en dehors de l’abbaye proprement dite.
 
            Le 31 décembre 1790, le Directoire du District de Laon a fait lecture « de la délibération du District de Reims du 22 novembre 1790 et de la lettre du procureur syndic du même district adressée à Mr le procureur syndic du Département de l’Aisne du même jour, relative au dépôt d’une somme de 6 000 livres entre les mains du Sieur Raoul HENRY, cy devant chanoine de l’église collégiale de Saint-Thimotée audit Reims » . Désirant « de plus en plus se procurer ainsi qu’au Sieur GOBREAU (il s’agit bien de l’abbé GOUBAUX) les moyens de faire éclater l’innocence dudit Sieur » le Directoire « arrête, après avoir entendu son procureur syndic, que, Mr PIOCHE, commissaire délégué pour l’administration pour les opérations des biens nationaux sera invité d’entendre chacun des cy devant religieux de Vaucler séparément sur les faits repris dans la délibération, dont expédition lui sera adressée, pour, sur lesdites déclarations, proposer tel avis qu’il appartiendra ».
 
            Les 7 et 14 janvier 1791, le foin de l’abbaye est vendu aux enchères.
 
            Le 26 janvier 1791, il ne reste plus que 12 religieux à l’abbaye : 11 d’entre eux, dont l’abbé font une procuration à Jean Joseph COFFIAUX (ancien ‘procureur et cellerier’ de l’abbaye) pour déclarer leur lieu de retraite.
 
            Le 11 février 1791, la pension des religieux de Vauclair est fixée : 900 livres pour les moins de cinquante ans, 1.000 livres pour les plus de cinquante ans, 450 livres pour l’organiste, 1200 livres pour le curé de Vauclair. Cette pension est versée par trimestre, et le même jour un mandat de 3365 livres est envoyé aux douze religieux restants à Vauclair.
 
            L’examen des comptes de l’abbaye effectué ce même jour fait ressortir que : 9.040 livres ont été portées indûment dans ces comptes (sur 44.000 livres) notamment 1.293 livres « pour raison de l’obtention des bulles de Nicolas Augustin GOUBAUX, ci-devant abbé » . Son traitement annuel étant de 6.000 livres, il doit donc supporter cette somme, ainsi que le salaire de son domestique, soit 48 livres.
 
            Le rapport note que les « journaux » de 1789 ont disparu et «  sont, dit-on, brûlés suivant l’usage de la maison ».
 
            Le Directoire tient à exprimer cependant un vœu « en faveur de religieux qui ont toujours bien administré et qui laissent des reprises assez conséquentes ». Il précise qu’ils « méritent des égards pour la conduite constamment régulière qu’ils ont tenue, aucun reproche contre eux ne nous est parvenu, ils n’ont été accusés d’aucune délapidation, le témoignage de Claude PIOCHE, commissaire du district de Laon, leur est pleinement favorable.
 
            Cependant le même jour, le Directoire constate qu’une « somme de 6.000 livres est déposée au district de Reims. Les nuages qui ont environné le transport de cette somme partie su Sauvoir et impérieusement conduite par un homme suspect, les premières réponses prêtées, démenties par le dépositaire, le Directeur du Sauvoir[3] qui dit que cette somme lui a été confiée par le cy devant abbé de Vauclerc pour la porter à Reims, Nicolas Augustin GOUBEAU qui averti que la destination de cette somme est surveillée par l’administration et qu’elle veut connaître la source d’où elle provient, écrit en toute diligence à Mr HENRY de répondre aux interrogations qui lui seront faites que cette somme de 6000 francs lui appartient. L’amitié cédant d’abord par faiblesse ou par crainte, l’abbé HENRY fait sa réponse conformément aux voeux et aux intérêts de son ami, mais rappelé tout de suite par sa conscience aux vertus et à la loyauté qu’il a toujours professés, se rendant sans délai à l’administration du district de Reims pour y rendre hommage à la vérité et y déclarer que ces 6000 F ne lui appartiennent point, mais qu’ils lui ont confiés en dépôt par le ci devant abbé de Vaucler, si l’on considère d’ailleurs l’invraisemblance d’une pareille somme appartenant en propriété à l’abbé de Vaucler et si plus encore on fixe son souvenir en des événements postérieurement arrivés, il devient presque certain que cette somme est vraiment nationale et que l’administration doit en conséquence s’en séparer au profit de la nation, le Comité sait bien que la distraction n’est pas évidente, il ne peut pas certifier en toute sécurité que ces 6000 francs sont ou non une propriété de Nicolas Augustin GOUBEAUX...[4] ».
 
            Le Directoire décide cependant de saisir cette somme sur le traitement de l’abbé (6.000 livres) ainsi que 340 livres provenant « des frais faits pour arriver à la prise de possession d’abbé » , et qui ne doivent pas être compris dans les frais généraux de l’abbaye.
 
            L’évacuation définitive de l’abbaye a probablement eu lieu à la fin de mois de février 1791, puisque le 3 mars 1791 COURTAU et BOUCHé (deux religieux de Vauclair) réclament une caisse à la municipalité de Vauclair. Il s’agit probablement de leurs effets personnels déposés en leur absence lors de cette évacuation.
            Mais la procédure de vérification des comptes de l’abbaye se poursuit. Le 11 mai 1791, le Directoire du département, continuant le recouvrement des dettes actives de Vauclair, décide que « considérant que le Sr COFFIAUX, cy devant procureur (de Vauclair) refuse les éclaircissements qu’il doit à l’administration, que sa lettre du 8 mars est insignifiante... » , il sera sommé de se rendre à Laon dans les vingt-quatre heures et que le paiement du deuxième quart du traitement des religieux de Vauclair sera différé jusqu’à exécution».
 
            La vérification des comptes de Vauclair est achevée le 4 novembre 1791 :
            « d’après l’inventaire du 4 décembre 1790, à la vacation du 9 janvier 1790, il paroit que le commissaire a arrêté la recette depuis le 1er du même mois à 44246 #, la dépense a été de 44072, d’où il résulte que le restant en cause étoit de 172.
 
            Dans les registres qui ont été fournis par le procureur de la maison au commissaire, il se trouve un état de reprises à faire sur différents particuliers, d’une somme de 54277 # 15 s, dont 30600 d’arrérages de rentes constituées, le surplus montant à 23677 # 15 s dû pour arrérages tant de redevances que coupes de bois, desquelles reprises ledit commissaire a déclaré que l’état en avoit été réunis au Receveur Caissier du District.
 
            Quant aux grains portés en l’inventaire montant à 903 quartels de différentes espèces et autres effets laissés à la surveillance des religieux, la vente faite par le commissaire avec un officier public en constate le prix, dont il sera parlé cy après, ainsy que du bois de chauffe, échalas, lots de planches et autres bois. L’argenterie portée audit inventaire s’est trouvée monter à 156 marcs 3 onces, suivant le procès verbal du S r MARCHAND, orfèvre...».
 
            L’affaire GOUBAUX est close le 24 février 1792. Le Directoire délibère sur la réclamation du Sieur GOUBAUX, ci-devant abbé, de la somme de 6000 livres « dont il a été spolié sans preuves suffisantes » . « Obéissant aux ordres de Sa Majesté..., convenant que ce n’était qu’une mesure de sûreté qu’il aprise lorsqu’il a ordonné le séquestre de ces 6.000 #, qu’il n’existe pas un corps de preuve assez complet.
 
            Que tant les réponses du Sr GOUBEAUX dans sa déclaration du 21 novembre 1790 que celles qui ont été faites par les S rs HENRY et DUBOIS se réunissent pour faire croire que cette somme appartenait en propriété au Sr GOUBEAUX et que l’un et l’autre n’en avaient été que précairement les dépositaires...
 
            ... cette somme versée dans la caisse de l’extraordinaire en février 1791... réellement appartenante au Sr GOUBEAUX lui sera restituée...
 
            ...cette somme avait été fournie en espèces sonnantes ainsi qu’il est justifié par les bordereaux du receveur du District de Reims... lui en faire la restitution en même espèce ».
 
            Le 21 mai 1792, on trouve « une procuration du Sieur Augustin GOUBAUX, ci-devant abbé de Vauclair pour agir » portée à l’enregistrement par maître DEQUIN, notaire à Craonne. Cette personne est le fils de l’ancien notaire et lieutenant de la justice de l’abbaye de Vauclair.  
 
            Le 5 septembre 1792, on trouve une autre « procuration par Augustin GOUBAUX, curé de Saint Thomas, en blanc, à l’effet de recevoir » par le même notaire.
 
            Notre abbé est devenu quelque temps simple curé d’une petite paroisse. Il n’y est sans doute pas resté longtemps, car le 6 septembre 1793, on trouve un «  certificat de résidence de Nicolas BOUCHé, prêtre, résidant à Saint Thomas».
 
            L’ex-abbé GOUBAUX s’est retiré à Craonne entre ces deux dates. Il y a retrouvé François LEGRAND, autre religieux de Vauclair. En effet, le 4 février 1793, un « certificat de la municipalité de Craonne attestant la résidence du citoyen LEGRAND pendant six mois dans le royaume sans interruption», signé : « les officiers de Craonne » .  Et le 11 octobre 1793 un autre « certificat de résidence pour Dom LEGRAND, ci-devant religieux de Vauclair». Ce LEGRAND est à Craonne depuis l’évacuation de l’abbaye : le registre des délibérations de Craonne a attesté le 16 septembre 1792 que « Mr Alexandre LEGRAND, prêtre, demeurant à Craonne depuis 21 mois, cy devant religieux bernardin de la cy devant abbaye de vauclair [Monographie sur le village de Craonne]» a prêté le serment obligatoire.
 
            Il est probable que l’ex-abbé a prêté lui aussi les serments, car le 19 frimaire an II (09 décembre 1793) : « Le citoyen Augustin GOUBAUX, cy devant religieux bernardin du cy devant ordre de Citeaux, résidant à Craonne remet à la municipalité ses lettres de prêtrise et son brevet de nomination d’abbé de la cy devant abbaye de Vauclerc du cy devant diocèse de Laon en date du 8 novembre 1789 et ses bulles obtenues de la cy devant cour de Rome, et déclare que pour plus de dévouement pour la patrie, il renonce au proffit de la République française une et indivisible, au traitement qui luy avait été accordé par le décret de l’assemblée nationale en qualité de cy devant religieux et abbé, et pour le temps de la guerre, de tout quoy il a requis acte à lui accordé et a signé avec nous, maire et officiers municipaux [Monographie sur le village de Craonne] ».
 
            Enfin le 5 pluviôse an III (24 janvier 1795), le registre d’état civil de Craonne indique que « Florimond LEFEVRE, membre du Conseil Général de la Commune s’est rendu dans la maison du citoyen PRéVOST, sise en la rue de la Croisette, où est décédé le citoyen Augustin GOUBEAUX, ex abbé de la ci-devant abbaye de Vaucler, âgé de 51 ans. Décès confirmé par les citoyens Jean François DEMEAUX et Jean Louis MAINON, tous deux officiers municipaux de cette commune et les voisins et amis du défunt. Lesquels témoins ont déclaré que ledit défunt était en la commune de la commune de La Chalade, district de Clermont en Argonne  (sic) ».
 
            Le 20 pluviôse an III (08 février 1795) on enregistre la « vente des meubles et effets de défunt Augustin GOUBAUX à la requête de ses héritiers montant à dix mille soixante-treize livres, quinze sols» passé par-devant maître DEQUIN, notaire à Craonne.
 
Pour mémoire :
 
1° - Liste des religieux de Vauclair :
d’après un état de paiements qui leur sont alloués le 11 février 1791 :
 
 
 
Prénoms et noms
Age
Date de profession
Paiements
1
Jacques Joseph JACQUEMARD
59
1758
1000 #
2
Claude LOCHET
51
1758
1000 #
3
Jean PENART
68
1743
1000 #
4
Jean Joseph COFFIAUX
62
1749
1000 #
5
Alexandre François LEGRAND
56
1758
1000 #
6
Antoine BELOT
51
1758
1000 #
7
Jacques François DUBOPIS
48
1762
900 #
8
Nicolas MENART
42
1766
900 #
9
Jean Claude DOMINGET
43
1767
900 #
10
Charles François FRION
47
1768
900 #
11
Nicolas Louis COURTEAU
41
1768
900 #
12
Magloire DELOT
44
1768
900 #
13
Joseph ABRAM
41
1771
900 #
14
Nicolas BOUCHé
37
1777
900 #
15
Gilles HENRY
34
1778
900 #
16
Pierre François de la Haye - Affilié de la maison depuis 22 ans
40
 
Mémoire
 
Thomas REGNAULT, curé de la paroisse de Vauclerc
57
 
1200 #
 
            L’abbé GOUBAUX est compté à part, son salaire est de 6.000 #, et il n’y a pas de renseignement sur son âge et la date où il a fait profession.
 
- Antoine BELOT, moine de l’abbaye de Vauclair
 
 
En 1790, Antoine BELOT, religieux de Vauclair, est « infirmier, desservant la cure d’Ailles ». Ce village a été détruit durant la guerre de 1914 / 1918 et n’a pas été reconstruit. Il était très proche de Vauclair.
 
 
 
 
            Le 27 pluviôse an VII (03 février 1797), Jacques MARTIN, agent municipal d’Ailles, a marié « Martin BLIN, garçon tisserand, 33 ans, fils de Martin BLIN, instituteur, et défunte Marie Jeanne GANTOIS.
            et Marie Elisabeth Rosalie BELOT, 21 ans couturière, fille du citoyen François Joseph BELLOT, marchand épicier et Marie Jeanne DUMONT ».
 
            Parmi les témoins : « Citoyen Antoine BELLOT, ex-curé, ci devant prêtre, oncle du côté paternel de l’épouse ».
 
            « Tous les dénommés ci-dessus demeurant dans ladite commune ».
 
            « Les party ont déclaré n’avoir point de connaissance de leur domicile local actuel dudit BELOT et de Marie Jeanne DUMONT ».
 
            Le religieux signe BELOT et non BELLOT comme dans le texte.
 
            Marie Rosalie BELOT est née à Reims le 5 septembre 1773, dans la paroisse St-Jacques. Ses parents se sont mariés dans la même paroisse le 10 août 1773. Les parents de François Joseph BELOT, et donc d’Antoine BELOT, son frère, sont Pierre Linge (sic) BELOT et Antonie WILLOT. Ils étaient tous les deux décédés en 1773. Je n’ai pas retrouvé ni leur profession, ni leur lieu de naissance. François Joseph BELOT était « marchand boursier » en 1776, « marchand épicier » en 1797 et « tailleur à domicile » en 1811.
 
            Martin BLIN est décédé le 7 août 1832 à Ailles. Il était devenu instituteur.
            Le 3 octobre 1833, Marie Rosalie BELOT épouse à Ailles « Jean François PICART, commis cendrier, 56 ans, né à Bouconville, aujourd’hui domicilié à Mauregny en Haye » .
 
            Jean François PICART est en effet le « facteur cendrier » de la famille LORAIN de 1806 à 1849.
            Le 6 février 1825, « François PICART, 50 ans, charpentier, Nicolas Martin GOBERT, 40 ans, cultivateur, ont déclaré que Marie Thérèse LEGUL, 55 ans est décédée à Mauregny, le 5 de ce mois, épouse dudit François PICART survivant, née à Bouconville, fille de Jean Claude LEGUL et de Blanche LECLERC, tous deux décédés  ».
 
            Devenu veuf, il s’est remarié, comme nous venons de le voir. Les deux époux sont décédés à Mauregny.
 
            Le 20 janvier 1849, est enregistré le décès de Jean François PICART :
« Martin GOBERT, 64 ans, propriétaire à Mauregny et Joseph GOBERT, 22 ans, boulanger ont déclaré que Jean François PICART, 72 ans, facteur cendrier à Mauregny, né à Bouconville, marié à Marie Elisabeth BELLOT, fils de défunts Jean François et marie Louise Leleu , est décédé. Les témoins : le premier gendre du défunt et le deuxième petit fils du côté maternel. Jean Marie Donat BOITELLE, maire  ».
 
            Et le 8 février 1861 Marie Rosalie Elisabeth BELOT, décède à Mauregny :
«  Par devant Joseph Sébastien LEMAIRE, maire de Mauregny Marie Rosalie Elisabeth BELOT, 82 ans, rentière, veuve en secondes noces de jean François PICART domicilié à Mauregny, fille de défunt François BELOT et d’une mère à nous inconnue est décédée. Témoins Adolphe LAMY, 33 ans, instituteur, Constant PATIN, tailleur d’habits, tous deux voisins de la défunte ».
 
 - Nicolas BOUCHE[5], moine de l’abbaye de Vauclair
 
 
            Religieux de Vauclair, il est sacristain en 1790. Il est devenu prêtre à St Thomas le 0 février 1793. Le 12 germinal an II (01 avril 1794), les officiers municipaux de St Thomas délivrent « un certificat de vie pour le citoyen BOUCHé, ex religieux de Vauclerc»
 
            Le 10 pluviôse an VII (30 janvier 1800), BOUCHé, ministre du culte à Coucy-lès-Eppes prête serment à Sissonne. Le 20 pluviôse an X (09 février 1802), Nicolas BOUCHé, ex religieux, demeurant à Coucy-lès-Eppes est témoin dans un acte de gestion de cendrière entre Jean François LORAIN et Thomas Exupert François de MIREMONT [Voir brochure Les Cendrières, page 47] 
 
            Il sera curé d’Aizelles et de Berrieux, où il est décédé le 24 mars 1825 [Braillon - Les derniers cisterciens et cisterciennes des abbayes picardes à la Révolution - 1993].
 
            Il faut noter que Monsieur de MIREMONT, était l’ancien seigneur de Mauregny, Coucy-lès-Eppes, ancien baron de Montaigu. Son frère était seigneur de Berrieux : et le berceau de la famille de MIREMONT était le château de Belval, entre Goudelancourt-les-Berrieux et St-Thomas.


[1] Compléments à l’opuscule VAUCLAIR ET LA REVOLUTION par Guy PLUCHART et Guy MARIVAL à l’occasion de l’exposition Vauclair 1792 - 1992.
[2] Au 18ème siècle, c’est l’orthographe « Vaucler » qui est de règle.
[3] Le Directeur du sauvoir, pendant l’année 1790, est Jacques François DUBOIS, religieux de Vauclair, et l’abbaye du Sauvoir, toute proche de Vaux-sous-Laon, est une abbaye cistercienne de femmes.
 
[4] L’orthographe exacte du nom est bien GOUBAUX, comme l’attestent sa signature et le registre d’état civil de La Chalade.
[5] Bouché