Organisation et vie communales de Mauregny

 

Après la vie familiale et professionnelle, essayons de dresser un tableau de la vie collective.
 
 
a) La municipalité :
               
Le conseil municipal compte douze membres[1]. Le maire est Alcide Babled et non Robert comme le dit Matot-Braine. L´appariteur semble remplir les fonctions de l´actuel secrétaire de mairie. Cette fonction est parfois fusionnée avec celle de garde champêtre. En 1910, selon le registre d´état civil Alcide Courtefois est appariteur, mais Ernest Deseuste est devenu garde champêtre. Il sera remplacé en 1912 par Paul Bonnette.
 
 
b) Les services :
 
Il y a un cantonnier chargé de l´entretien des routes et chemins, fossés et talus.
 
Le facteur passe trois fois par jour.
 
Il y a un receveur des P.T.T., Monsieur Carlier, un bureau téléphonique et télégraphique, avec deux abonnés au téléphone.
 
 
c) Le médical :
 
Selon Henri Tanneur : "deux médecins (Vincelet et Samain) venaient à pied ou en bicyclette. Sa mère ayant été victime d´un coup de chaleur au passage à niveau, le médecin s´est rendu sur place. Il se rendait aussi à pied chez le docteur avec sa mère par la montagne par le moulin (dit de l´Empereur)"
 
La sage-femme Anna Grécier habitait à Mauregny
 
 
d) Les foires :
 
            La vie communale est réglée par les foires : il y en a quatre à Mauregny, le 25 février, le lundi après l´Ascension, le 26 août, le 1er décembre (c´est la St-Eloi dont parlait Lucie Retraint. Selon l´Annuaire Paul Douai de 1908, seules 41 communes de l´Aisne ont des foires, dont Montaigu 2 foires, St-Erme 2 foires, Festieux 2 foires, Coucy-lès-Eppes 2 foires, Liesse 4 foires. Dans ce domaine, on peut donc dire que Mauregny a une certaine importance.
 
e) Les divertissements :
 
Ce sont les fêtes
:Fête
 
 
                                                                                                          Arch. Privée Jacques Brouleau
"Honneur à la jeunesse de Mauregny"
Carte postale postée en 1910
 
Plan
 
  
·      Lucie Retraint raconte :
 
"La fête patronale se déroulait sur la place de la mairie le quatrième dimanche de Septembre, et le requet, le dimanche suivant. La fête durait Dimanche, lundi et mardi. Il y avait des boutiques, des balançoires, des chevaux de bois mus par un cheval. La place était décorée par des arbres (bouleaux), des lampions, des guirlandes fournis par la commune. Il y avait un bal avec orchestre, on y dansait la polka, le galop, le quadrille, la mazurka. Le mardi les jeunes roulaient (sic) les rues, c´est à dire qu´ils défilaient dans les rues, déguisés et s´arrêtaient dans les cafés. Ils étaient accompagnés par des musiciens et dansaient devant les cafés".
 
·      Marcel Payen raconte :
 
"le 14 juillet, Monsieur Pathiot fournissait une demi-pièce de vin sur la place du village : à boire à volonté. Les gens se rencontraient l´après-midi, le soir bal".
 
"une fête au Sallé Champ, dite fête à Peyot, le jour de Pâques. Il y avait une boutique, un manège de chevaux de bois avec orgue de barbarie qui répétait toujours la même chose et un bal".
 
 
f) Les associations :
 
La vie communale, c´est aussi les associations :
 
·      Les sapeurs pompiers qui existent depuis 70 ans. Ils sont 25 en 1910, 17 en 1914, commandés par le lieutenant Asile Boitelle, puis par Henri Tanneur, sous-lieutenant. En cas d´incendie important, les pompiers des différents villages s´entraidaient. La pompe à incendie était maniée à bras, et on faisait la chaîne avec des seaux. La pompe à bras existe toujours. Il y a quelques années, elle décorait le village. Une de ses roues est cassée .
 
·      La société mixte de tir "La Haye", fondée en 1900, organisait chaque année un ou plusieurs concours de tir. Le stand se trouvait au chemin de Festieux, juste avant le bois à droite.
 
·      Il existait en 1910, une société d´assurances mutuelles agricoles "La Prévoyante", fondée en vertu des lois des 21 mars 1884 et 4 juillet 1900. Nous n´avons aucun renseignement sur cette société mentionnée dans l´Annuaire de l´Aisne de 1910.
 
 
g) L´enseignement :
 
            L´enseignement était donné dans 2 écoles. Une pour les filles, une pour les garçons de quatre à onze ans. L´instituteur était Monsieur Vieillard, et l´institutrice Mademoiselle Ambrosini.
 
·      Marcel Payen raconte qu´il :
 
"n´a pas passé son certificat d´étude. Sur 6, il y en avait eu 1 de reçu : Gaëtan Maillet. Tout le monde n´allait pas au certificat d´étude. Comme il habitait à la Rosière, il avait 2 kilomètres pour aller à l´école deux fois par jour. L´hiver, s´il y avait trop de neige, il n´y allait pas, ou il quittait un peu plus tôt le soir pour rentrer avant la nuit. Il y avait trois cours. L´hiver tout le monde essayait d´être près du poêle. Il y avait des illettrés".
 
·      Henri Tanneur raconte :
 
"dans l´école des garçons, il y avait le cours préparatoire, élémentaire, moyen et supérieur qui préparait le certificat d´études primaires, examen que l´on passait à onze ans. La fréquentation est assez grande : trente à trente-cinq élèves, l´école est archi-pleine. La réussite scolaire dépendait du niveau social, dans les familles indigentes, il y avait beaucoup plus d´échecs, car les enfants travaillaient avec les parents dès l´âge de quatre ou cinq ans. Les élèves du cours supérieur aidaient les enfants du cours préparatoire à lire : en rang, ils passaient chacun leur tour au tableau noir. Pendant ce temps l´instituteur s´occupait des moyens".
 
 
h) La religion :
 
            La vie communale était enfin rythmée par les fêtes religieuses. En 1910, c´est l´abbé Louis Gobaille qui est curé de Mauregny. Mis en congé à cause de sa tuberculose, il décède à Luzoir le 20 février 1912. Il a été remplacé par l´abbé Allienne.
 
Selon Lucie Retraint, c´est l´abbé Gobaille qui aurait fait construire le patronage avec ses deniers. Ce bâtiment aurait été édifié par son père Lucien Marque, maçon et Félix Paruitte, charpentier. Ce bâtiment, aujourd´hui disparu, se trouvait au 5 rue du chemin de Festieux et servait de salle des fêtes pour la paroisse. En fait, cette maison avait été achetée par l´abbé Gobaille en 1900 à la famille d´Alcide Bourdin[2]. Mais elle a pu être agrandie après cet achat pour son son nouvel usage.
 
            Elle se souvient aussi :
 
"qu´il y avait des processions pour le St-Sacrement et le 5 juin jour de la Fête Dieu. Pour les processions les habitants installaient des reposoirs décorés, situés un au bout du chemin de Laon, un sur la place de la mairie (celui-ci était monté par Lucien Marque), un devant l´église. Les gens et les enfants jetaient des fleurs. Le curé était sous un dais porté par quatre hommes. Son père était chantre et son cousin garde Suisse".
 
            "Des prêtres missionnaires venaient en mission dans le village pendant une semaine. Ils rendaient visite aux particuliers. L´église était décorée. Un prêche était donné tous les soirs. La bannière de Saint-Martin servait à l´enterrement des garçons".
 
            Elle raconte aussi que les Sœurs de la Providence avaient acheté avant 1905, année de la séparation de l´église et de l´état, une maison située au 13, rue de l´église actuellement. Cette maison avait été achetée sous un prête-nom. En 1914, deux religieuses, habillées en civil y vivaient. C´étaient deux sœurs, du point de vue biologique, issues de la même famille du nom de Patin. Nous ignorons leur nom en religion. "Ces deux sœurs donnaient l´enseignement religieux aux enfants. A la fin du catéchisme, les enfants avaient droit aux berlingots fabriqués par les Sœurs. L´enseignement était donné également tous les jours après l´école".


[1] Voir annexe 1 : Administration municipale
[2] Arch. privées : Robert Payen