Lettres d'Ernestine Lemaire et de Jeanne Paruitte

La sœur de mon grand-père vient de rentrer avec sa mère, âgée de 82 ans, dans la maison située au N° 8, rue de l'Eglise. Elle a écrit le 12 septembre 1919 une lettre qui donne bien l'ambiance de cette époque.

"Enfin nous voilà à Mauregny et notre mobilier aussi. Vous voyez que çà a été rondement. On va emménager un peu. Çà n'ira pas vite. Monsieur Paruitte (NDLR : son beau-frère) est allé nous faucher des prés. Il fait beau, il faut en profiter. Les animaux de la basse-cour ont fêté notre arrivée. La mère de lapin (sic) d'Aulnay a fait des petits la nuit de mercredi à jeudi (NDLR : ils viennent de passer deux ans à Aulnay-sous-Bois, en Seine Saint-Denis). Les poules qui n'avaient pas encore pondu ici, nous ont donné un œuf hier. Vous allez dire que je dis des bêtises, c'est cependant vrai. Vous ne direz pas que je ne vous tiens pas au courant de tout ce qui se passe chez nous. Votre père a vu Monsieur Gobert à Laon, il doit venir au commencement de la semaine prochaine. Il a descendu à la gare avec lui pour que, si le chef de gare ne voulait pas amener le wagon a Coucy, téléphoner à Emile, mais çà a été tout seul. Jeanne Leclère me demandait à l'heure à quel temps vous viendriez. J'ai dit que je ne savais pas. On n'a pas encore de nouvelles de Louis (NDLR : c'est son frère, instituteur à Wimy), je croyais les trouver à Mauregny, mais Bernique. Henri Patin est ici avec les personnes chez qui Monsieur Pathiot a logé à Borde aux en 1914 (NDLR : il est rentré à Mauregny le 3 mai 1919). Il repart, je crois, lundi. Il n'a pas graissé par là. On parle de faire un bal à la fête à Mauregny (NDLR : on est en septembre). Je ne sais pas si c'est vrai...

Signé :

Ernestine Lemaire".

Une carte postale non datée, du début 1919, signée Jeanne Paruitte, raconte :

"Maurice est outré. Des soldats français déménageaient les portes et les fenêtres de chez eux lors de leur arrivée à Laon. Il est dégoutté...".