MAUREGNY en HAYE et Les Cahiers d'Histoire

Affaires religieuses

La lutte anti-religieuse s’est beaucoup développée, et elle ne cessera pas après l’exécution de ROBESPIERRE.

 
            Nous ne savons pas combien de temps le curé VIEVILLE est resté curé de Mauregny. Jean Charles BOURGEOIS, son prédécesseur deviendra curé de Clermont-les-Fermes. En tous cas, il est parti en bons termes avec la commune de Mauregny et Haye, puisque celle-ci lui a fourni un certificat le 01 frimaire an III (21 novembre 1794) :
 
            «...  attestant du civisme et de la bonne conduite de BOURGEOIS et de sa soumission aux lois, de son empressement à s’y conformer et à satisfaire à toutes les obligations imposées aux citoyens ... ».
 
            C’est à cette époque que la saisie et la vente des biens du clergé deviennent effectives à Mauregny. Début 1793, les biens de la « ci-devant fabrique » ont été saisis. Deux citoyens de Mauregny tentent alors de récupérer des prés jadis donnés à la fabrique :
 
·       janvier 1793 :
 
            «... pétition de citoyen Antoine BABLED de Morgny et Haye, tendante au remboursement d´un surcens de 30 # sur la fabrique dudit Morgny.
 
           
Surcens passé devant MEURICE, notaire à Montaigu le 29 mars 1761.
 
Décision : Doit payer le rachat de 30 # ».
 
·       mars 1793 :
 
 «... le citoyen PATTIN, demeurant à Mauregny, demande la rentrée en possession d´un pré chargé d´une fondation envers la Fabrique ».
 
·       mars 1793 :
 
            «... pétition du citoyen Michel PATIN, qui demande la rentrée en possession d´un pré chargé de fondation envers la fabrique de Mauregny.
 
Décision : Refusé ».
 
            Le 4 août 1793 :
 
            « ... les terres appartenant à la ci-devant fabrique de Mauregny sont vendues comme biens nationaux.
 
            Soumissions d’Alexandre MORET, marchand, demeurant à Mauregny.
 
 
 
Montant
Superficie
Nature
Lieudit
Locations
Locataires
 
 
 
 
 
 
(
11 v. 1/4
jardin
Au Bourasse
)
Hubert DESEUSTE
190 L          (
5 verges
jardin
Au Sorand
)Affermé par bail
 
(
2 verges
jardin
Au Bahu
)
 
(
1 verge
jardin
A la Douillée
)
 
 
 
 
 
 
 
210 L          (
5 v.1/2
jardin
Au Chemin de Festieux
)Bail
Jean Baptiste WATELLIER
(
7/8 de v.
jardin
A la Courte manche
)
 
 
 
 
 
 
 
400 L
92 verges
pré
La Citadelle à Eppes
Affermé par bail
Michel CHEMIN
 
 
 
 
 
 
710 L
44 verges
pré
A La Teille
Affermé par bail
Michel CHEMIN
 
 
 
 
 
 
480 L
47 verges
pré
Près de La Treille
Bail
Jean BLED, l’aîné
 
 
 
 
 
 
420 L
51 verges
pré
Près de La Treille
Bail
Jean GOBERT
 
 
 
 
 
 
280 L
26 verges
pré
Près de La Treille
Bail
Jean Nicolas COURTEFOIS
 
 
 
 
 
 
290 L
6 verges
pré
Au Puisieux
Bail
Pierre COURTEFOIS
 
 
 
 
 
 
370 L
33 v.1/2
pré
Près de La Treille
Affermé -A l’exception desdites Faulx, réservées à la Fabrique
Jean GOBERT
 
 
 
 
 
 
250 L
110 v.7/8
pré
Au Crotois
appelé le Pré de la Passion
Loué
Jean Nicolas BILLET
Contrat DELIANCOURT du 30/01/1 785 et à Jean Pierre ROUEN pour moitié
 
 
 
 
 
 
600 L
58 verges
pré
Au Crotois
Bail
A la citoyenne BOURGEOIS
 
 
 
 
 
Ventes de biens nationaux, possédés par la Fabrique de Mauregny
Soumissions par Jean Nicolas CORNET
 
 
Montant
Superficie
Nature
Lieudit
Location
Locataire
 
 
 
 
 
 
 
33 verges
pré
Pré de La Treille
Affermé
Jean GOBERT
 
 
 
 
 
 
 
5 verges entières
jardin
Au Chemin de Festieux
Affermé
Jean Baptiste WATELLIER
 
 
 
 
 
 
 
8 verges
jardin
Aux Courtes Manches
Affermé
Jean Baptiste WATELLIER
 
 
 
 
 
 
 
92 verges
pré
à Eppes
Déjà vendu le
05 messidor
 
 
 
 
 
 
 
Possession des biens de la Fabrique de Mauregny sur le terroir :
 
                                   -   38 verges    et 5/8  de jardin          soit 0,1973 hectares
- 410 verges    et 2/8  de pré              soit 2,0953 hectares
 
 
 
            Le 17 août 1793, le District de Laon décide :
 
             « qu’il ne doit rester qu’une cloche par paroisse.
            Les conseils généraux des communes feront sous leur responsabilité descendre et transporter les cloches excédant le nombre fixé par ledit décret au chef lieu du district.
            ... frais fixés à 2 Livres par lieue de porte pour aller et autant pour le retour, seront réglés par les districts... ».
 
            Aucun document, mentionnant l’application de ce décret dans la commune de Mauregny, n’a été retrouvé.
 
            Le 02 nivôse an II (22 décembre 1793), c’est la saisie des objets précieux appartenant à l’église :
 
            « Cejourdh’huy deux nivôse an second de la république française une et indivisible.
 
            Nous Marc Antoine Louis FROMENT, cultivateur à Sissonne, Commissaire nommer par l’administration du district de Laon par son arrêté du 04 courant, en exécution de l’arrêté des représentans du peuple de ROUX et LEJEUNE du 28 du présent mois pour faire disparaître toutes les signes de superstitions qui représentent le fanatise et la féodalité, ainsy que les objets servant cy devant à l’esclavage da          ns le canton de Sissonne.
 
            Nous sommes transporté en la commune de Mauregny, canton dudit Sissonne accompagné d’un détachement des Chasseurs de 21 hommes, d’un détachement de l’armée révolutionnaire au nombre de 18 hommes pour accompagner ledit commissaire et par arrêté du 25 frimaire et étant rendu à la maison commune où nous y avons trouvé la municipalité assemblée, avons donner communication de notre commission et avons requis les officiers municipaux de nous entrod’huire en la cidevant église de ladite commune, à leffet de procéder à la visite aux fin de ce que dessus constater la cantité d’ore et argent, quivre, étain, faire et autres métaux qui sitrouve ou enprovenant en cette lieux quil soit déposé et nous avons trouvé aucun signe de superstition ny de féodalité [(+) en ladite église, renvoi approuvé)], avons trouvé tous les objets désigné cy après en la maison commune pour leur sécurité et conservation.
 
Savoir :
- 1 calice et sa pataine, un soleil, un ciboire, une petite boîte et 2 vessaux au huille le tout pesant 3 livres edemy.
 
Cuivre, savoir :
- 11 chandellier tant grand que petits, une lampe et son chapiteaux, un grand plas, une assansoire et sa navette, 4 instruments de paix, un bénitier et une tace, un bassain de font, le tout en cuivre pesant 68 livres.
 
- Une croix en argent monté sur bois et son christ non paisé.
 
Etain :
- 3 plas, une tasse, 2 burettes aux huille le tout pesant 6 livres edemy.
 
Ferre :
- 2 croix edeux pivot qui porte la croix, plus cinquante morceaux de ferre tant grand que petit, compri 3 battant de cloche en trois et un autre tat de ferraille le tout paisant ensemble 280 livres.
 
            Tous les objet porté au procès verbal en dessus les avons vu et fait partire à linstant pour être remis à l’administration de district, sous la responsabilité du Maire et officier municipaux de tout quoi avons fait et dressé le présent procès verbazl le jour et an que dessus, avons signé, plus par observation, il est resté main du maire et officier municipaux 8 morceaux de ferre resté au mouton provenant de cloche qui nous impossible de le faire oté et ont promis sous leur responsabilité de le faire remettre sous le plus bref délai à l’administration et avons signé.
 
 
mars 1793, la Convention fait établir l’inventaire des objets sacrés confisqués aux églises et destinés à être versés aux finances nationales. Une mesure d’un maigre profit, un aspect du vandalisme révolutionnaire
 
            Puis, il y a toute une série de demandes de liquidations de dettes dues à la ci-devant fabrique. En effet l’état qui a saisi les biens du clergé a aussi saisi toutes les dettes, et rentes dues au clergé. Ceux qui devaient de l’argent à la fabrique le doivent donc alors à l’Etat. Et les débiteurs demandent à se libérer de leurs dettes en remboursant le « principal » sur lequel était calculée la somme qu’ils devaient verser annuellement.
 
·      08 pluviôse an II (27 janvier 1794) :
            « Pétition du citoyen Pierre WATTELIER, casseur de grès et Jacques WATTELIER, vigneron à Mauregny et Haye, tendante à être autorisés à faire le remboursement de 17 # 11 sols 9 deniers de surcens qu´ils doivent à la cydevant Fabrique de Courtrizy, contrat passé devant DELIANCOURT, notaire à Montaigu le 24/03/1791, et les liquidations et avis du directeur de la régie nationale du 2 de ce mois, montant à 351 # 15 sols.
            Le conseil permanent du District de Laon, l´agent national entendu, arrête que ledit avis doit être suivi en payant entre les mains du receveur de l´enregistrement à Craonne la somme de 351 # 15 sols par le pétitionnaire ».
 
·      10 pluviôse an II (29 janvier 1794) :
            « Pétition du citoyen Jean Pierre DEWATINE demeurant à Mauregny et Haye, tendante à être autorisés à faire le remboursement de 5 # de rente qu´il doit à la cydevant Fabrique de Mauregny au principal de 100 #.
            Le conseil permanent du District de Laon, l´agent national entendu, arrête que ledit avis doit être suivi en payant entre les mains du receveur de l´enregistrement à Sissonne la somme de 100 # par le pétitionnaire ».
 
·      20 pluviôse an II (08 février 1794) :
            « Pétition du citoyen Jean BOURDIN, vigneron, demeurant à Mauregny et Haye, tendante à être autorisés à faire le remboursement de 3 # de rente qu´ils doit à la cydevant Fabrique de Mauregny au principal de 60 #.
 
            Le conseil permanent du District de Laon, l´agent national entendu, arrête que ledit avis doit être suivi en payant entre les mains du receveur de l´enregistrement à Sissonne la somme de 60 # par le pétitionnaire ».
 
 
·      4ème jour complémentaires an III - 20 septembre 1795 :
            « Pétition de Jean Nicolas DEWATINE, horloger à Mauregny, afin d´être admis au rachat d´une rente de 13 # qu´il doit à la République, au lieu et place de la ci devant Fabrique d´Eppes.
            Demande acceptée par le Directoire ».
 
            Autre séquelle de la vente des biens de la fabrique : celle-ci possédait des terres qu’elle louait et qui étaient cultivées. Lors de la saisie des biens de la fabrique, les récoltes ont été vendues sur pied. mais ceux qui avaient fait pousser ces récoltes demandent à être indemnisés.
 
            Le 08 thermidor an III - 26 juillet 1795 :
 
            « la Citoyenne Marie BRACONNIER, veuve de Jean Baptiste WATELLIER, demeurante à Mauregny, demande a être payée de ses frais de culture et de semence de terrein tant en chenevière qu´en avoine, qu´elle tenoit de la cy devant Fabrique dudit lieu et dont la récolte a été adjugée .... au nommé MOREL..."
Mémoire de 22# 18 sols 2 deniers.
 
MOREL dit que le procès verbal d´adjudication ne fait pas mention de ce fait et qu´il n´est pas tenu de payer.
 
            Le Directoire arrête que la pétitionnaire sera payée par l’administration ».
 
Le 24 messidor an II - 12 juillet 1794, les comptes de la ci-devant fabrique sont soigneusement examinés. Cet examen donne des renseignements très précieux sur le fonctionnement et le rôle de la fabrique :
 
·       1ère délibération :
Résumé : Examen des comptes de la Fabrique de Mauregny pour 1792.
 
            La Municipalité aurait dû joindre ceux de 1789 - 1790 et 1791
            Calcul fait :       La recette est de :         492 #
                                   La dépense est de :       463 #
 
            La Municipalité doit livrer les justificatifs des années précédentes.
            Le bénéfice de 28 # que "le rendant a remis à Jean Antoine TANNEUR qui l´a porté dans son compte.
 
·       2ème délibération :
 
Résumé : Examen des comptes de la Fabrique de Mauregny pour 1793.
 
                        Calcul fait :       La recette est de           681 #
                                               La dépense est de         537 #
 
Demande des justificatifs.
 
            Considérant que ceux qui ont été présents à l´audition de ce compte ont passé si légèrement sur le chapitre de dépense qu´ils pourroient être soupçonnés d´intelligence avec le rendant".
 
En effet :
 
L´article 1er :
                        - 213 # payé au cirier en 1793 paroit d´autant plus exhorbitant que quoique le service a été interdit dans les ci-devant églises en novembre 1793, il n´a été payé en 1792 que 163 # pour même cause.
 
 
            L´article 2 :
                        - de 40 # porté pour façon de mur du cimetière pendant que la quittance N°2 porte pour ouvrages faits au presbytère.
 
            Le troisième :
                        - de 47 # pour blanchissage paroit d´autant plus suspect qu´il n´a été payé que 17 # en 1792.
 
            Les articles 4 - 6 et 19 :
                        - de 112 # payés pour les impositions foncières de 1792 et 1793 est d´autant plus révoltant qu´en allouant cette somme, ils devoient forcer le rendant à compter en rente en reprise de celles dues par les locataires suivant la loi pour l´indemnité de la dîme et le remboursement des impositions de 1789 payés par la Fabrique.
 
            L´article 9 :
                        - de 51 # payé au ci-devant clerc pour obits et fondations pendant 18 mois est d´autant plus révoltant qu´ils devoient se rappeler qu´ils venoient de lui allouer 23 # pour mêmes causes portés en l´article 5 de 1792 et cinq jours avant 24 # pour l´année 1792.
           
L´article 12 :
                        - de 10 sols pour les registres de naissance est d´autant plus ridicule qu´il n´a rien été payé pour cet objet.
 
            L´article 18 :
                        - de 3 # est aussi déplacé n´ayant dû jamais être rien payé pour découvrement de pareils deniers."
 
Décision :                     - Réclame les justificatifs.
                                   - Fixe la recette à 681 #.
 
            Dépense ramenée à 275 # au lieu de 537 #
                                   - La recette excède la dépense de 406 # ».
 
            Un autre aspect de la lutte anti religieuse concerne la destruction des clochers. Nous publions ci-après quelques extrait du livre de FLEURY. Il cite notre village, mais nous n’avons pas trouvé d’autre trace de ces faits.
 
Imaginons l’église de Mauregny amputée de son clocher !
            Le 06 février 1794 [Le Clergé dans l’Aisne pendant la Révolution - Fleury - T2 - p247/48/50/51 :
 
            « ... un arrêté des représentant LEJEUNE et ROUX, en mission dans l’Aisne, ordonna donc de détruire tous les clochers, ceux même des églises, il y a 2 ans, conservés pour le culte et qu’on avait jusque là respectées ... en 1794.
 
            Tous les clochers furent vendus par adjudication et fondus, non pas seulement dans les villes, mais jusque dans beaucoup de petits villages...
 
            Quelquefois simple réduction de la flèche, ou destruction complète de la tour, non compensée par couverture nouvelle à l’emplacement.
 
            Destruction des flèches de la cathédrale de Laon, les tours ont failli être aussi détruites.
 
            Dans diverses communes, la population défendit son clocher avec autant d ’énergie que dans certaines autres, on en avait montré à s’opposer à l’enlèvement du mobilier des églises; ... exemple : le clocher de Marle).
 
            Les communes de Mauregny et de Saint-Erme refusèrent péremptoirement d’abattre leur clocher, les habitants de Saint-Erme se levèrent en armes.
 
            Plusieurs d’entre eux furent poursuivis devant le tribunal correctionnel de Laon, et l’un des accusés fut condamné, le 06 février 1794, à 3 mois de prison comme chef de la résistance ouverte à la loi.
 
            L’administration départementale ... employa tous les moyens en son pouvoir. En juin 1794, elle se fait rendre compte par les municipalités des mesures qu’elles ont prises pour arriver à la démolition de leurs clochers ».
 
            Enfin, on doit noter la saisie à Mauregny des biens de Philippe GOBERT, ancien curé de Clacy, qui a été déporté (Voir annexe III - Philippe GOBERT)

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Mauregny en Haye 423 hab. par JM Moltchanoff       

Les cahiers d'histoire de Mauregny ont été rédigés par Guy Pluchart et Jacques Tavola
Les auteurs ont parcouru les services d'archives et publient "Les cahiers d'histoire de Mauregny". 
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> Histoire du chanvre à Mauregny 
> Doléances de 1789 
> Cartes postales anciennes 
> Histoire de Fussigny, village disparu 
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par Gilbert Delbrayelle

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